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"REMEMBER", c'est par ce mot que commence l'inscription qui figure sur la Stèle dédiée aux aviateurs et parachutistes du Commonwealth tombés à GRAFFIGNY-CHEMIN le 23 juillet 1944.

Les faits relatés ci-après ont été recueillis auprès des habitants de GRAFFIGNY-CHEMIN ayant vécus à cette époque et s’étant rendus sur les lieux du crash, mais aussi grâce au récit du Canadien, Monsieur Joseph VINET, seul survivant de cette tragédie.

Dans la nuit du 23 juillet 1944, un avion STERLING de la Royale Air Force, participe à l'opération spéciale RUPPERT. À son bord, des parachutistes S.A.S., se rendent dans le Jura pour instruire, ravitailler en armes et munitions un maquis aux alentours de MORTEAU. 

Pris dans un violent orage au sud de PARIS, l'équipage décide de perdre de l'altitude pour éviter les turbulences. Les appareils de navigation peu sophistiqués à l'époque ne permettent pas aux pilotes d'apercevoir la colline au-dessus de GRAFFIGNY. A 2H 13, l'avion heurte la "montagne" dans un fracas invraisemblable. Une lueur embrase la colline au bruit des munitions qui explosent. Réveillés en sursaut, 4 habitants de GRAFFIGNY : Messieurs Henri VIGEANNEL, Constant GENY, Jacques BAYARD et Marcel VUILLY, accourent dans la "montagne" dès le fracas du crash. Ils y découvrent treize morts mais aussi trois aviateurs dont deux grièvement blessés qu'ils transportent à la ferme des Noyers où le docteur BOIN leur prodigue les premiers soins.

Au petit jour, les villageois chargent les 3 tonnes d'armes que contient l'avion et une jeune fille du village, d’à peine 20 ans, Simone ROY, conduit la cargaison cachée dans une charrette de foin jusqu'au maquis de "la Délivrance" à SOULAUCOURT. Le lendemain encore, elle retourne à SOULAUCOURT à vélo, porter un poste radio caché dans son sac à dos, alors que les Allemands patrouillent partout à la recherche de la cargaison de l’avion. Un habitant de BRAINVILLE découvre dans la cabine de l'avion le plan de vol de l'équipage qu'il cache pour que les Allemands ne le découvre pas.

La Brigade de Gendarmerie de BOURMONT, prévenue aussitôt, tarde à prévenir la Kommandantur de CHAUMONT afin que les armes, munitions et matériels soient mis en lieu sûr. À leur arrivée, les troupes allemandes menacent de brûler le village si la cargaison ne leur est pas restituée. C'est une habitante de GRAFFIGNY, Madame MEINE (veuve d’un officier allemand, ayant combattu lors de la première guerre mondiale) qui intercède auprès d'eux pour que notre village ne soit pas détruit. Nous pouvons aujourd'hui lui être reconnaissants.

Des trois survivants, Paul BELL le plus légèrement blessé est caché, puis grâce au maquis rejoint son unité où il reprend du service avant d'être abattu avec son équipage lors d'une nouvelle mission en Hollande, peu de temps avant l'armistice. Les deux autres grièvement brûlés et blessés faute de pouvoir être soignés localement sont remis aux Allemands. L'un décède et le troisième Monsieur Joseph VINET, envoyé après sa guérison en captivité en Pologne pendant dix mois, rentre au Canada à la fin de la guerre.

Le 19 octobre 1999, GRAFFIGNY-CHEMIN accueillait le dernier survivant, l'aviateur Joseph VINET. Ce fut pour la population mais aussi pour lui, un grand moment de joie et d'émotion. Il déclarait à cette époque "Avec notre équipage, nous avons effectué de nombreuses missions. Nous formions un équipage de tout premier plan, l'un des meilleurs de la R.A.F. sinon le meilleur. Nous n'avons jamais été abattus par les allemands. Au départ d'Angleterre notre "Lancaster" n'a pu décoller pour un problème de moteur. Nous avons donc affrété un avion de substitution, c'était un "Sterling", nous avons décollé avec une demi-heure de retard. J'exerçais les fonctions de navigateur et de mitrailleur au sein de l'équipage. Je suis le seul survivant. Vous savez, j'ai 79 ans, mon nom est VINET. C'est un nom bien français, mes ancêtres ont émigré au Canada en 1635. Mon père a combattu en France lors de la Première Guerre Mondiale, je suis très attaché à votre pays et je reviendrai dans 4 ans."

Malheureusement, l’état de santé de Joseph VINET ne lui a pas permis de faire le voyage le 24 juillet 2004, lors de l’inauguration de la nouvelle stèle, (la précédente ayant été très endommagée par la tempête de 1999).

Oui "REMEMBER". Nous n'avons pas oublié ces 13 jeunes de 20 à 30 ans qui sont tombés chez nous pour que la France demeure libre. Nous pourrions même ajouter "REMENBER FOR EVER".

- Pilot officier F. COPLAND, Royal Air Force.

- 6025725 Private L.W.CURTIS, Spécial Air Service, Régiment Army Air Corps.

- Flying Officier B.G. FOY, Wireless Operator Air Gunner, Royal Canada Air Force.

- Lieutenant I.M. GRANT, Spécial Air Service, Régiment Army Air Corps.

- 571772 Flight Sergeant H.L. GUY, Air Bomber, Royal Air Force.

- 42412 Flying Officier L.A.A. KILGOUR, Pilot, Royal N°2 Air Force.

- 2580970 Signalmann W. LEACH, Royal Signals.

- 319314 Sergeant D.H. Mc KAY, Spécial Air Service, Régiment Army Air Corps.

- 2758399 Private J.W.B REILLY, Spécial Air Service, Régiment Army Air Corps.

- 6977054 Private J. SIMPSON, Spécial Air Service, Régiment Army Air Corps.

- 11046456 Sergeant A.W. SWINDELL, Flight Engineer, Royal Air Force.

- Captain F.J.S. SYMES, Spécial Air Service, Regiment Army Air Corps and Hampshire Régiment

- 2385791 Signalmann L. TAYLOR, Royal Signals

"MORTS POUR LA FRANCE"