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Tour géodésique

Au cours d'une promenade dans la forêt communale de Graffigny-Chemin, le visiteur, empruntant le chemin bordé de sapins, en direction de la stèle érigée à la mémoire des treize aviateurs morts pour la France, remarque, au dernier carrefour, une pancarte indiquant : "La Tour, 30 minutes"

Prenant cette direction, le promeneur, surpris, découvre un édifice en brique rouge, étrange par sa forme. À sa base on trouve une ouverture munie d'une grille. Quand on y pénètre, on remarque trois "meurtrières" et au centre une borne portant un repère scellé dans sa face supérieure. Comme cette tour se dresse dans le site le plus élevé de la forêt, au lieu-dit le Neuillon (altitude 602 m), il s'interroge : observatoire ou poste de communication ?

En fait, cette construction est appelée cheminée géodésique, sachant que la géodésie est la science qui a pour objet l'étude de la forme et des dimensions de la terre.

Quelle était donc sa fonction ? Avant la photo aérienne, c'était un haut repère au sommet duquel un opérateur pouvait effectuer une visée très précise, moyennant le passage d'un fil à plomb à l'intérieur et dans toute la hauteur de la colonne. Ainsi protégé des remous du vent, ce fil devait s'aligner dans l'axe d'une borne qui constituait l'un des points secrètement gardés par l'armée du temps des "cartes d'état-major". 

Grâce aux renseignements communiqués par l'Institut Géographique National, en septembre 1997, nous connaissons mieux l'historique de ce vieux vestige.

La cheminée a été construite en 1902 par le capitaine DURAND célèbre géodésien du siècle, appartenant au Service Géographique de l'armée. Elle a été utilisée comme mire et support d'appareil cercle azimutal ou théodolite, a de nombreuses reprises à partir de 1903, et en particulier pour d'importantes observations du réseau de détail en 1937 et 1938.

La cheminée a servi une fois encore en 1977, mais n'étant pas assez haute pour dépasser la végétation et ruinée au sommet (il faudra recimenter le haut), un signal métallique de 21 mètres fut construit, puis démonté en fin de mission.

Une servitude de 25 m² a été établie en 1970 par l'I.G.N. sur le terrain de la cheminée qui, en 1997, appartient toujours à l'I.G.N. Cette cheminée surmontée d'un pilier mesurait à l'origine 13,22 m du sommet de la borne. De cette cheminée, des mesures d'angles étaient effectuées sur les sites géodésiques de Grand, Montel, Lorima, le Hautmont, Dampierre et Poirier Rond.

Les anciens de Graffigny-Chemin se souviennent d'un échafaudage qui le surhaussait et d'une échelle en bois, en mauvais état, qui conduisait au sommet : l'une et l'autre ont été démolis.

Parmi ces curieuses tours qui ont pu parvenir à nous, il en existe d'autres en Haute-Marne (à Bourbonne-les-Bains, à Laneuville-au-Pont, à Longeville-sur-la-Laines, à Vouécourt) et plus près de nous, dans les Vosges, celles de Moncel-sur-Vair et de Beaufremont.